DIEU ET MOI

Troisième texte d’une série de cinq textes qui ont émergé d’un exercice d’écriture assez remuant intitulé « Le connard intérieur » sur ma face cachée, et mes zones d’ombres.
Je n’y vends rien. Je m’y mets juste à nu.
Puisse-t-il être une autorisation pour toutes celles et ceux qui croient que s’exposer c’est se rendre vulnérable.
Même une armée ne parviendra pas à déshabiller un être qui est déjà nu.

Dieu, c’était mon pote, quand j’étais gamin. Mon confident.
Le seul qui pouvait me comprendre.

En même temps, plus je grandissais, plus il me faisait culpabiliser : 
il arrêtait pas de me renvoyer à mon incapacité à me conformer
au modèle qu’il me proposait

Moi aussi, j’aurais voulu être un saint,
un être spirituel, capable d’aimer,
et me placer au dessus de tous ces trucs matériels :
L’argent, la propriété, et tout ça

Sauf qu’entre temps, j’avais découvert la masturbation.
 

Et là, les choses ont commencé à merder.

J’essayais tant bien que mal
de me retenir de cette pratique, découverte une nuit au hasard,
en frottant ma bite contre le pelochon,
mais le plaisir avait jailli, incontrôlable.

J’ai cru que je m’étais pissé dessus
Et j’ai rien compris à ce qui m’arrivait.
 

Je devais quand même sentir que c’était interdit,
parce que quand ma mère
passait sa tête dans la chambre,
j’arrêtais mes frottements.
 

Ce parfum secret d’interdit donnait à ces rendez-vous
une saveur encore plus excitante.

C’était devenu mon rituel du soir.

Une prière.
Et une branlette.
 

Mais voila : à un moment, j’ai senti que ça n’allait pas ensemble
ces deux trucs-là.

Et là je me suis retrouvé bien seul

Mon pote, lui, demeurait silencieux.

« Hey Dieu, tu m’entends ? Pourquoi tu dis rien ?

Pourquoi j’arrive pas à me retenir de me branler ? »

Et peu à peu, j’ai commencé à remplir ce silence
par mes propres accusations :
Mauvais garçon, pervers, cochon, enfer et damnation…

Alors je redoublais d’efforts pour me rapprocher de Dieu,
et me retenir. Ce qui ne faisait qu’accroitre le désir de l’interdit.

Une bataille  se déroulait à l’intérieur de moi.

Et le silence de Dieu commençait sérieusement à me gaver.

Si au moins il pouvait me dire quelques mots,
des encouragements, ou des conseils !

Rien

Juste le sentiment que j’étais une merde,
que toutes mes aspirations à être quelqu’un de bien,
n’étaient que de vaines illusions,
et que jamais je ne parviendrais
à devenir l’être spirituel que je rêvais d’être.

 

Les êtres spirituels sont au dessus de tout ça
Quoi faire alors ?

Renoncer à la branlette pour Dieu ?
J’ai préféré renoncé à Dieu.

Je l’ai traité de connard, de salaud,
C’était dégueulasse de faire vivre ça à un ado :
lui faire découvrir un truc super kiffant, irrésistible
et lui dire :

« T’y as pas droit, Namir, c’est défendu ».

   « Ben, va t’faire foutre. »

Et c’est pour cette raison, bien futile, je dois le reconnaitre aujourd’hui,
que j’ai envoyé valser Dieu de ma vie pendant presque 25 ans

Et c’est à l’issue d’une drôle de séance d’hypnose
que je l’ai retrouvé.

Il était planqué dans mon cœur, enfermé dans une cage.

Et il respirait tranquillement.

Mais ce Dieu-là, était beaucoup plus sympa que celui de mon enfance

Il s’en foutait royalement
Que je me branle ou pas.
Que je jeûne ou pas.
Que je prie ou pas.
 

Il me jugeait pas.
Il me disait pas, c’est bien ou mal.
Il se marrait.

Et il me donnait envie d’aimer le monde,
la vie, la terre, et les humains.

Quelle joie de respirer, et quel soulagement d’enfin reconnaitre
que j’étais pas un saint,
que personne ne m’avait jamais demandé de l’être.
C’est dans mon humanité la plus ordinaire, la plus organique,
la plus imparfaite, que je peux accéder au divin,
et enfin retrouver ce vieux pote, avec qui on tutoie les anges.

Quand j’arrête de me juger, de m’en vouloir,
ou d’essayer de me conformer
à des modèles qui ne me conviennent pas,
je suis enfin libre
 

Mon pote, il m’aime pour ce que je suis.
Chez lui, y a pas de fruit défendu.
Ni le sexe, ni l’argent ne sont des péchés.
Il aime les gens pour ce qu’ils sont.
Il a de la tendresse pour les connards
Il fait pas de reproches.

Et il est patient.

Il attend juste tranquillement qu’on se rende compte qu’il est là.

Et ça le fait juste marrer, comme un gamin qui joue à cache cache,
quand, après avoir oublié son existence pendant des décennies,
quelqu’un lui dise :

       – Ah, t’étais là

       – Bah oui, je suis jamais parti, moi.

Alors, ça me fait bizarre de vous écrire ça aujourd’hui,
parce que pendant des années si on me demandait :

    – Tu crois en Dieu ?

J’aurais donné toutes sortes de réponses alambiquées  :

– Dieu, c’est quoi ?
Non, peut-être, enfin…
– Tu sais, c’est compliqué…
– Je sais pas trop

et blablabli, et blablabla

Aujourd’hui, je ne vois même plus l’intérêt de cette question.

Ce que tu caches dans ton cœur, c’est ton secret,
t’es obligé de la partager avec personne

La moindre des choses, quand un de tes potes
joue à cache-cache,c’est de la boucler,
et d’éviter de balancer à tous les autres où il se planque.

Sinon, c’est plus du jeu.

A moins que tu préfères jouer au connard.

Bon apparemment, si vous arrivez-là, c’est que vous avez lu cet article en entier.  S’il vous a plu, tant mieux pour vous.

Et s’il vous a déplu, euh…. bah, j’men branle. 

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Et partagez ce texte. Merci

 

MERVEILLEUX ÉGOÏSME

Depuis quelques jours, je travaille sur ma part d’ombre, et ça fait émerger une colère phénoménale en moi. Voici un autre texte qui est sorti de ce travail.

 

L’exploration de ma colère m’a reconnectée à mon adolescence. J’étais un adolescent enragé.

D’où venait cette colère ?

D’un sentiment d’injustice profond que j’ai porté dès ma naissance ? De ne pas avoir été voulu, compris, entendu, ou accepté ?

Au fond peu importe.

 

Un matin de CP,  j’ai voulu jouer avec d’autres gosses dans la cour de récré, et ils m’ont répondu :

« Casse-toi, sale arabe »

Y en a un seul qui est venu me voir, pour jouer avec moi.
Et tout ce que j’ai pu lui dire ce jour-là, ce fut

« Casse-toi, sale noir »

 

En grandissant, je me suis assagi. J’ai enterré ma colère derrière l’obéissance, la politesse et le respect.

Aujourd’hui, elle est toujours là, et je réalise en écrivant ces lignes,  que c’est ma lampe d’Aladin.

Les multiples réactions à mon article d’hier (libre colère) me le confirment.

L’énergie liée à cette colère peut  créer des choses impactantes. Il suffit de  la mettre en lumière, et d’apprendre à s’en servir utilement.

La colère est ma puissance.

Même si elle me fait encore peur.

Enfant, J’avais tellement peur de la méchanceté des autres, que j’ai appris à devenir méchant pour exister.

L’égoïsme et la colère étaient devenus mes blasons.

Mais arrêtons de nous mentir un instant : nous sommes tous des égoïstes.

Tout ce qu’on fait, on le fait pour nous

Les thérapeutes, qui offrent des séances gratuites à leurs clients pendant le confinement sont de gros égoïstes.

Les gens qui font des dons au resto du cœur sont d’immenses égoïstes.

Aucun des cadeaux que vous faites aux gens que vous aimez, n’est gratuit.

Si votre conjoint vous répond qu’il n’en veut pas de votre cadeau pourri, est ce que cela vous laisse indifférent ?

Non. 

Parce que vous attendiez quelque chose en le donnant.

C’est pour vous que vous faites ce cadeau. Pas pour lui, ou elle.

Notre contribution, notre générosité, notre attention aux autres, sont juste des moyens de satisfaire nos besoins personnels

C’est tellement évident, que je comprends toujours pas pourquoi ça me met en colère. Peut-être parce que j’ai pas envie de le reconnaître que je suis comme tout le monde en fait. Et que ce qui m’agace, ce sont les mensonges qu’on se fait à nous même en voulant nous raconter qu’on est des gens bien, merveilleux. Parce que ça nous valorise et nous différencie de la plèbe, des connards qui se garent sur les places handicapés alors qu’ils ne le sont pas (enfin, pas officiellement), des écervelés qui se précipitent dans les supermarchés pour prendre d’assaut les rouleaux de PQ.

Eux et moi, on est pareils en fait.

Y en a pas un de plus noble que l’autre.

Y en a juste qui sont plus socialement présentables.

Mais personne ne connait nos intentions profondes.

Petit, je me suis perdu dans un marché.

Mes parents, après une grosse panique, m’ont retrouvé dans un bar.

Le serveur m’avait offert une glace. J’étais heureux et je mangeais ma glace en attendant mes parents

Je n’ai pas compris leur réaction de panique quand ils m’ont hurlé dessus en me disant que j’aurais du me méfier de cet homme, et qu’il ne faut JAMAIS faire confiance à un inconnu.

Alors que pour moi, il était juste gentil, et m’avait fait un cadeau

Quelle était son intention ?

Je ne le saurai jamais.

Mais qu’il ait agi animé par des désirs malsains, ou pour rassurer un enfant perdu, il a agi pour lui.

Pour satisfaire SES besoins.

Donc arrêtons de nous voiler la face et acceptons notre putain d’égoïsme.

L’égoïsme, n’est pas un problème en soi. Il est même salutaire, en fait.

Même si ma femme me reproche tout le temps de faire passer mes intérêts avant ceux des enfants et de ma famille.

La question c’est qu’est ce qu’on fait de notre égoïsme, et comment on l’utilise.

On peut l’utiliser pour détruire.

Pour assurer sa survie.

Ou au service du monde.

On peut être égoïste en dévalisant les rayons d’un supermarché en période de pénurie, pour assurer la survie des siens.

On peut être tout aussi  égoïste en n’allant pas au supermarché et en réduisant sa consommation pour assurer son épanouissement, et nourrir son besoin d’importance et sa satisfaction personnelle.

La question est : quel égoïsme je choisis de vivre ?

Mon égoïsme à moi, c’est d’apprendre a m’abandonner à l’écriture au point de m’en foutre de ce que les autres vont penser de moi.

J’y arrive pas encore tout à fait. Il y a quelques phrases que j’ai encore retenues.

J’ai encore cette peur qu’on m’aime pas, qu’on se désabonne de ma newsletter, ou d’avoir des commentaires négatifs sur mon site.

Pourtant je sais qu’en étant authentiquement égoïste, alors mon écriture sera une autorisation pour les autres bien plus utile au monde, que mon désir d’être aimé.

Et peut-être que lorsque j’apprendrais à aimer mon égoïsme, ma colère, et à laisser autant de place à ma part d’ombre, qu’à ma part lumineuse, alors je pourrais peut-être devenir quelqu’un de bien.

C’est peut-être ça la définition de quelqu’un de bien au fond.

Être capable d’aimer son égoïsme.

Et celui des autres.

Et arrêter de se mentir.

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout. S’il vous a touché, alors assumez votre égoïsme et partagez-le autour de vous avec les gens que vous aimez.

Et s’il vous a pas plu, alors offrez-vous le plaisir de le partager  avec les cons qui sont parmi vos amis sur facebook, linkedin, et les réseaux sociaux. Ils se reconnaitront peut-être. Et seraient capables de vous demander  pourquoi vous leur avez fait suivre cet article.

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Mardi 22 Mai 2020. Je suis en colère.

Le déconfinement se prolonge.

L’école a repris. Enfin, en théorie.

Dans les faits, les enfants resteront à la maison jusqu’en septembre.

On a lâché sur les devoirs. Ils passent quatre heures par jour devant les écrans. On a réussi à les motiver pour regarder des films d’auteurs. En contrepartie on a du céder sur « Barbie » et « Cœur océan ».

Miam.

Certains, soulagés de ne plus avoir besoin de faire la bise, ni de serrer des mains pas toujours propres, se sont habitués à cette parenthèse flottante, et redoutent désormais que la vie reprenne son cours habituel.

D’autres, comme moi, sont juste au bord de l’implosion.

Besoin d’air. De mouvement. De contact.

Tensions dans la famille et dans le couple. Violence intérieure. Colère.

Et puis il y a ceux qui financièrement se retrouvent réellement dans la merde, qui vont arrêter de payer leurs crédits, leurs assurances, leurs charges.

Et dehors, il fait beau. Il y a du soleil.

Pour certains le vernis a craqué.

Pour d’autres, ça va venir.

 

Moi je suis chanceux.

J’ai lancé deux formations d’écriture en ligne.

Je m’éclate à partager mes connaissances

et mes expériences d’écriture créative

avec des stagiaires que j’adore voir évoluer, grandir, s’ouvrir, se découvrir.

J’ai trouvé mon truc.

Mon travail est en train de prendre une jolie forme. J’ai des projets d’avenir. Et je suis confiant.

Pourtant je suis en colère.

 

Cette colère, je la ressens tous les jours.

Chaque matin, quand mon fils voit sa sœur faire un truc qu’il ne peut pas faire, il hurle.

C’est IIIINJUUUSTE !!

Je lui réponds

Joachim, ce n’est pas vrai ! Tu peux pas dire ça. On fait tout pour être justes, et pas faire de distinctions entre ta sœur et toi.

Mais non

Il a raison

C’est injuste.

Et ça le sera toujours.

Parce qu’il sera toujours le deuxième. Et sa sœur la première.

Et il a le droit d’être en colère pour ça.

C’est juste normal en fait.

D’ailleurs, sa sœur aussi est en colère.

Pour elle aussi c’est injuste d’avoir un petit frère.

Moi aussi, des fois, comme mon fils, j’aimerais hurler :

 

C’est IIIINJUUUSTE que vous me fassiez des reproches,

alors que vraiment, je fais de mon mieux  pour vous élever ! 

 

Récemment ma fille a fait une crise pendant un repas, à cause d’une histoire de jambon.

Une de ces crise que je pensais ne pas voir venir avant ses 16 ans. Elle en a 10.

 

Au lieu de l’apaiser, je lui ai dit.

 

« Vas-y , t’as raison de te mettre en colère… Je comprends que pour toi, elle paraisse injuste, ma décision… alors crie autant que tu peux, casse… tu as le droit. Ça ne changera pas ma décision, mais tu as le droit d’exprimer ce que ça te fait « 

J’ai eu peur.

Le panier à linge est parti en morceaux.
Le mur de l’entrée en garde encore des traces.

Mais elle est allée au bout de sa colère.

Intérieurement, j’étais impressionné.

Elle faisait ce qu’une part de moi ne s’autorise toujours pas à exprimer pleinement.

 

On dit toujours à nos enfants :

« Calme toi, détends toi, ça va aller »

Ben non. C’est comme si on leur disait :

 « Ferme ta gueule. T’as pas le droit de nous faire chier. Ici, c’est interdit d’être libre d’exploser. Tu n’as  pas le droit d’exister, en dehors du cadre qu’on te propose »

Forcément, ça finit par exploser.

Parce que la vie en nous est explosive.

Ma fille a donc hurlé, tapé, cassé, insulté, menacé, pleuré.

Puis, les cris ont cessé.

Elle est venue nous rejoindre à table, et nous avons continué notre repas.

Et ça recommencera.

J’étais en colère pendant des années de ne pas réussir à terminer mes scénarios, de devoir en jeter 50 versions à la poubelle parce que j’arrivais pas à me reconnaitre dedans. 

J’en ai souffert le martyr, pleuré, je me suis détesté.

J’ai haï la réussite des autres.

Elle est encore là cette colère, aujourd’hui

J’apprends à l’exprimer, comme dans cet article.

Je m’autorise même à hurler mes 5 minutes de colère quotidienne.

J‘ai le droit de vivre la colère autant que j’ai le droit de vivre l’amour

S’aimer, c’est aussi apprendre à aimer ce que parfois on réprime, pensant que cela ne doit pas être.

 

Ma colère, c’est de l’énergie disponible. Une énergie de dingue.
Elle me guide même à accompagner des gens qui se sentent frustrés, impuissants,
qui sentent qu’il y a un truc en eux qui veut s’exprimer, et qui ne sort pas.
Alors oui, ma fille me fait peur parfois,
Oui elle me met en rage avec ses crises,
Oui, j’ai parfois envie de l’étrangler
Et je l’aime.
Vos clients, vos lecteurs, votre public
attendent aussi  que vous ayez la rage.
La rage contre la souffrance.
Contre les abus.
Contre votre impuissance à changer le monde.
Ou contre les cons qui agissent comme des moutons,
et qui se croient libres.
Elle est même salutaire en fait.

Utilisez la donc cette colère pour  exprimer votre rage.
C
assez les murs de votre imagination.

L’écriture, est un des rares métiers,
ou l’on peut se défouler sans trop de risques,
tuer nos enfants,
massacrer des populations entières,
et laisser libre cours à notre pulsions,
sans se soucier de morale,
ou de chercher à être quelqu’un de bien.
 

Et c’est ça qu’est bien.

A suivre….

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Carry me back to old Virginny,
There’s where the cotton and the corn and taters grow,
No place on earth do I love more sincerely,
Than old Virginny, the state where I was born.
THE MILLS BROTHERS

Un des exercices que je propose dans mes stages d’écriture créative, est de mettre un chronomètre, et d’écrire au fil de la plume pendant 20 minutes. Sans aucun but. C’est ce texte qui en est sorti.

 

Version audio

 

Version texte

Lors d’une écriture, cette phrase a résonné en moi, libérant un torrent d’émotions. Tristesse. Accueil. Abandon.

C’est fou comme les mots ont un pouvoir.

Nous rentrons à la MAISON.

Chez moi, c’est le mot MAISON qui  a atteint mon cœur en premier.

Comme E.T. l’extra-terrestre lorsqu’il montre sa planète.

« Maison » a réveillé, ou mis en lumière un sentiment, une sensation, une perception familière.  Celle de ne pas me sentir chez moi. En exil. Pas à ma place. Comme quelqu’un à qui on n’aurait pas donné le droit d’exister, mais qui est là et qui a peur de déranger.

On ? C’est qui ?

Nous rentrons à la maison.

Tristesse, solitude, abandon. Et soudain l’espoir.

Il y a une maison.

Il y a un endroit quelque part, ou je peux être chez moi.

Ou nous pouvons être chez nous.

NOUS rentrons à la maison.

Je ne suis pas seul.

Et cette maison est la notre. A nous.

C’est d’ailleurs peut-être là qu’elle se trouve la maison. Dans le NOUS.

Et la lumière s’est faite en moi. Feu de bois. Feu de joie.

Ainsi donc, j’avais peut-être toujours été chez moi.

Chez moi, là où je suis à chaque moment, à chaque instant.

Dans mon corps, dans mon être, dans chaque pièce ou je rentre, sur le sol ou je marche, dans les endroits nouveaux ou je me rends, avec les gens que je rencontre pour la première fois. Partout. C’est chez moi.

Chez nous.

 

Nous RENTRONS à la maison.

Et si notre maison est en nous, chaque fois que nous y rentrons.

Alors, ma mission, et la tienne, c’est peut-être celle-là aujourd’hui :  retrouver le chemin de la maison, et aider les autres à retrouver le leur.

Combien d’entre nous se sentent exilés, pas à leur place. Dans leurs corps, dans leur vie, dans leur travail. Dans des situations nouvelles, dans leur relation aux autres, ou a eux-mêmes. Étrangers, déplacés, rejetés.

Parce qu’un crétin un jour a cru bon, de planter devant sa caverne un panneau sur lequel il a écrit :

Propriété privée. Défense d’entrer.

Et l’exode a commencé.

Pauvre type. Propriété privée. C’est de nous que tu t’es privé.

Il est temps de rentrer chez nous.

De faire de notre vie, notre maison.

Dieu que la vie prend un autre goût lorsque tu  l’envisages comme ça.

Imaginez que vous êtes une lumière puissante. Et sa source se trouve  en toi, dans ta poitrine.

Jusque là, elle scintillait vaguement, ou par intermittence.

Maintenant, tu peux allumer cette lampe, et éclairer le monde autour de toi.

Imagine que chaque fois que tu rentres dans un endroit, tu y apportes ta lumière. TA lumière. Ta presence est un cadeau. Elle t’éclaire, et éclaire les autres autour de toi.

Tu es indispensable par ta présence. Et cela suffit.

Tu n’as besoin de rien faire pour exister. Juste être en contact avec cette lumière. Juste être cette lumière.

Amuse -toi à éclairer le monde depuis chez toi. En marchant dans la rue, tout à l’heure dans les transports, au travail, ressens que tu es une lumière qui éclaire les autres, et amuse toi.

Partout ou tu es, c’est la maison. Notre maison.
Et il est temps pour nous de l’éclairer.

Namir 🖐🖐🖐🖐

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Dans cet article, j’aborde un protocole assez particulier : le deuil d’un évènement qui n’a pas encore eu lieu. Et comment cela peut-être libérateur.

 

Depuis la mort de mère, il y a deux ans, mon père vit seul avec sa souffrance, errant dans un appartement désormais trop grand, rempli de souvenirs et de bibelots.

Et mes visites régulières pour le sortir de sa prison mentale relèvent plus d’un effort douloureux que d’un réel désir d’être avec lui. Surtout quand je traîne avec moi ma femme et mes enfants.

Et je rentre chez moi, triste de le quitter ainsi, triste de voir son état se dégrader, triste de ne plus réussir à passer de bons moments avec lui.

Et mon sentiment d’impuissance grandit, visite après visite.

Le jour de l’anniversaire de ma fille, nous avions prévu une sortie en famille.

Mon père n’avait pas la force, ni l’envie de nous rejoindre. Ma femme, me voyant affecté, a alors suggéré que nous passions fêter l’anniversaire chez lui, pensant que ça lui ferait du bien.

Ma femme a renoncé à notre soirée prévue. Nous avons faits quelques courses pour un repas festif, prévenu mon père, et pris la route.

On a trouvé mon père apathique. Il nous a accueilli dans un jogging discutable, n’avait rien préparé pour l’anniversaire. Après avoir joué deux minutes avec les enfants, il est retourné s’assoir sur son fauteuil, à côté de sa radio, puis est parti regarder la télévision dans sa chambre.

On s’est ennuyés. Les enfants ont été pénibles. Et sur le retour, ça a été l’explosion.

Embouteillages. Bloqués  deux heures sur le périphérique, les enfants qui se bagarrent, ma femme qui s’énerve et moi qui hurle. Nous étions tous en colère les uns contre les autres. Ma femme contre moi pour les avoir trainés dans cette soirée pourrie. Moi contre ma femme parce qu’elle rejetait la responsabilité de cette soirée, et de ces embouteillages sur moi. Et nous deux contre les enfants qui faisaient du bruit.

Une fois rentré à la maison, tendu et exténué, j’ai eu envie d’appeler mon père, juste pour  le réveiller et lui dire qu’on venait de passer deux heures dans les transports, que le retour s’était très mal passé, et que j’étais furieux qu’il n’ait fait aucun effort pour nous accueillir, et qu’il n’ait même pas été reconnaissant qu’on soit venus le voir.

Quelques jours, plus tard, un collègue me reçoit pour une séance d’hypnose. Et nous travaillons  sur le deuil. Il me demande alors quel deuil est important pour moi de faire en ce moment.

J’ai perdu ma mère deux ans plus tôt. Mais ce deuil me semble fait. Je  ferme les yeux, et laisse venir à mon esprit la première image qui se présente.

C’est celle de mon père.

Une partie de moi se dit que c’est bizarre de faire le deuil d’un vivant. Mais mon esprit ne vit peut-être pas dans le présent. Parfois, j’ai l’impression qu’il est comme une version de moi, plus lointaine, qui a déjà vécu tout ce que j’ai vécu, et qui me le redonne à vivre.

Une fois mis sous hypnose, j’emprunte donc le chemin du futur.

Je me retrouve dans un endroit calme. Entouré de gens. Il pleut. C’est un cimetière. C’est le jour de l’enterrement de mon père.

Je suis à la fois conscient que je suis dans une séance d’hypnose, et en même temps, présent dans le souvenir, en train de vivre cette situation.

C’est un peu comme un rêve nuageux, chargé d’émotions. La voix du thérapeute me guide. Le rêve se précise, et la sensation de réalité se fait plus forte dans le cimetière.

Je suis maintenant devant la tombe de mon père. Je fais un discours.

Il a trouvé le temps long, Waguih. Mais il est en paix maintenant, aux cotés de sa femme.

Des larmes coulent sur mes joues. Je suis  triste, et pourtant soulagé. Je sais qu’il attendait ce moment depuis longtemps. Mais l’émotion est là, lourde. L’eau coule. Et là,  je perçois mon père, paisiblement allongé aux côtés de ma mère, dans le cercueil. A sa place. Enfin tranquille.

Ses yeux sont fermés. On dirait qu’il dort. Je sens qu’il  me voit pleurer sur sa tombe. Calmement,  il s’adresse à moi.

– Tu sais, je n’attendais rien de toi, Namir.

Sur le coup, je ne comprends pas la phrase. Mais elle traverse mon corps, comme une décharge.

– Je n’attendais rien de toi.

Et soudain, c’est comme une prise de conscience.

Je n’ai jamais demandé à mon père ce qu’il attendait de moi. Je me disais que mon rôle de fils c’était de l’aider à vivre sa fin de vie. Et là, il me disait simplement qu’il n’attendait rien de moi. Sans jugement, ni culpabilisation.
J’ai voulu imposer à mon père d’aller mieux. Il ne voulait pas.  Je le forçais. Lui résistait. Ça me frustrait.

Ce qu’il voulait, il me l’avait déjà dit plein de fois. Et je n’avais pas voulu l’entendre.

Mes lèvres se sont mises à bouger toutes seules. Et je me suis entendu prononcer cette phrase :

– Le meilleur moyen d’aider quelqu’un qui ne veut pas d’aide, c’est de ne pas l’aider.

C’est avec ces mots que je suis revenu au présent. Me demandant même si on ne pouvait pas remplacer « aider » par « aimer », dans la phrase.

Mon sentiment d’impuissance avait fondu.

Je venais de faire le deuil de mon désir de guérir mon père.

Il me restait à profiter du temps qu’il lui restait à vivre.

Depuis, je vais voir mon père uniquement quand j’ai envie de partager quelque chose avec lui. Et si lui n’a pas envie de partager, tant pis. Je sais pourquoi je le fais.

J’ai arrêté de lui parler de lui. Et plutôt que de commencer mes discussions par : « bonjour Papa, comment ça va ? », je commence par lui parler de ce que j’ai fait, vécu, ressenti. Ce que je ne faisais pas beaucoup avant. J’ai commencé à lui parler de mes doutes, de mes questionnements, de l’hypnose. Il s’est ouvert. Comme si finalement ça le soulageait qu’on ne lui parle pas de lui. Son attention était ailleurs. Il ne devenait plus un vieil homme qui souffrait, mais un père qui écoutait son fils se livrer à lui.

Et ses résistances se sont atténuées. C’est comme si notre relation jusque-là avait eu la forme d’un duel inconscient, une rivalité dans laquelle, chacun voulait se montrer plus fort que l’autre. Et j’avais contribué à alimenter ce rapport.

La relation était plus apaisée. Et c’est comme si, dans cet apaisement, il y avait enfin de la place pour un dialogue.

Alors, je lui ai raconté cette drôle de séance que j’avais faite, et comment je l’avais enterré.

Il m’a écouté silencieusement.

– Tu auras envie que je dise quelque chose de particulier à ton enterrement, Papa ?

– Tu pourras dire : il s’est battu jusque bout, il a affronté jusqu’à la dernière minute.

– Affronté quoi ?

– La vie.

Bien des fois, mon éducation avait été nourrie par ces mots. Se battre, affronter, lutter, résister. Mon père a vécu sa vie comme un combat, dans lequel la réussite c’était comme arracher quelque chose. Mais à qui ?

 – Dieu, merci, j’ai fait ce que j’avais à faire.

– Qu’est ce que t’as fait ?

– J’ai pu construire une situation, vous élever,  ta sœur et toi, et vous permettre d’être autonomes. Dieu merci, aujourd’hui je sais que c’est fait.

-Alors, tu as fait TOUT ce que tu avais a faire ?

– Il ne me reste plus rien à faire.

-Donc tu peux mourir.

-J’aimerais bien.

– Qu’est ce qui t’en empêche du coup ?

-Ah.. ça… c’est encore la vie

-Elle t’embête la vie ?

– Beaucoup

– Elle t’embête jusqu’au bout. Elle ne veut même pas que tu meures. Juste pour te donner une occasion supplémentaire de te battre contre elle.

Mon père a haussé les épaules. On a souri.

Parfois, la meilleure manière d’aider quelqu’un qui ne veut pas, c’est de ne pas chercher à l’aider.