Il y aura des soleils
des matins vivifiants,
et d’éclatants ciels bleu

des paysages tranquilles,
la saveur des citrons
et les parfums des fleurs

il y aura des naissances,
des éclats de joie
et des rires d’enfants

Je te partage ces mots
comme un pense-bête
pour qu’un jour
ceux que j’aime,
à leur tour,
puissent nous rappeler

qu’il y aura des soleils,
des matins vivifiants,
et d’éclatants ciels bleu, papa.

 

Je me promenais sur mon vélo, et  j’ai vu le soleil devant moi. 

Joie et tristesse se sont mêlées : en même temps que je saisissais la beauté magique de cet instant, je pleurais mon père qui n’était plus là pour en profiter.

Et dans cette rue, en pédalant, je lui ai adressé ces quelques vers.

Ce même après-midi, un client, qui avait passé un moment aux urgences, est venu me raconter que ce qui l’avait aidé à traverser cette heure d’incertitude où il s’était préparé à mourir, c’était de penser au soleil, qui continuerait à briller après lui.

Je n’ai pas tendance à rechercher des signes, ou des messages particuliers dans les hasards de la vie, mais j’avoue avoir ressenti une grande joie à ce moment-là, et le désir de partager mes maigre vers avec lui.

Et puis ce matin, en lisant que Missak Manouchian entrerait au Panthéon, j’ai eu envie de relire la lettre qu’il avait écrite à sa Mélinée, quelques heures avant d’être fusillé par les allemands.

Elle commence par ces mots

« Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde.
Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. »

Et puis quelques paragraphes plus bas, je suis tombé sur cette phrase

Aujourd’hui, il y a du soleil.
C’est en regardant le soleil et la belle nature
que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie
et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. »

Il est toujours là, le soleil.

Même la nuit, il continue à briller.

Alors, merci à toi, de continuer à nous réveiller chaque matin.

 

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C’est une drôle d’expérience que d’aller dormir chez son thérapeute. A 90 euros la sieste, mieux vaut dormir chez soi.

Mais voilà, se reposer pour moi, c’est perdre son temps en n’étant pas productif. Et ça m’angoisse. Alors je tire sur la corde de la création, quitte à ce qu’elle craque

Après lui avoir exprimé mon épuisement, mon thérapeute m’a proposé de faire une sieste sur son canapé trop étroit, pendant qu’il restait sur son fauteuil à me regarder.

Au bout de quelques secondes, j’ai rouvert les yeux,  lui demandant s’il ne préférait pas aller se faire cuire un œuf, ou envoyer des emails, pendant que j’essayais de me reposer, histoire au moins de ne pas lui faire perdre son temps, pendant que je perdais le mien.

Il a tenu à rester présent.

Je suis retourné sceptique, à ma tentative de sieste.

Et quand l’agitation dans mon cerveau s’est calmée, les larmes ont pris la relève.

Me souvenant d’un sentiment perdu depuis l’enfance, rassurant comme une présence divine.

On veille sur moi.

 

Je suis là, tu peux te reposer,
aucun tigre ne viendra te manger,
aucun serpent te mordre
aucun démon te prendre
Je veille sur toi
Dors sur tes deux oreilles.

Dormir sur ses deux oreilles, à moins d’avoir été façonné par Picasso, demande une certaine flexibilité.

Et puis comment savoir s’il tiendra sa promesse, et qu’il ne t’abandonnera pas pendant ton sommeil, parce que tu proutes ou ronfles trop fort ?

Et puis la méfiance s’est estompée.

Et je me suis laissé aller, jusqu’à retrouver cette plénitude de l’enfant dont la mère veille, berçant d’un doux chant son sommeil. 

J’ai repensé à cette gravure de la Vierge Marie sur la tombe de ma mère,et à cette phrase entendue lors d’un cercle d’écriture : ce désir d’un dieu qui me parle à travers les lumières des feuillages.

Si mon thérapeute s’était levé à cet instant, me laissant là, j’aurais continué à me sentir en sécurité. Ce n’était donc pas lui qui créait ce sentiment, mais moi, en lui attribuant le pouvoir de me protéger.

Alors, si je le voulais, si je le croyais aussi, je pourrais donc retrouver ce sentiment qu’il y a quelqu’un qui veille sur moi.

Mais qui ?

Mes morts chéris, des fantômes, l’esprit d’un dieu bienveillant, ou mes proches encore vivants ?

Les gens qui t’aiment savent être là quand tu vis un drame. Mais quand ton moment de gloire est terminé, ils retournent à leur quotidien, et te laissent alors seul avec ta peine. Et tu n’oses plus les déranger, conscient qu’ils ont aussi leurs problèmes

Qui donc alors veille sur toi ?

Si tu ne le sais pas, ferme les yeux, et demande-toi, qui dans ce monde, ou dans l’autre, saura protéger ton sommeil.

Fais la liste de toutes celles et ceux que tu peux appeler pour leur poser cette étrange question :

– Salut, est ce que je peux venir dormir chez toi cet après-midi ?

Et si tu te retrouves allongé  sur le canapé de ton thérapeute, c’est que tu auras su demander de l’aide, et accepter du soutien.

Alors tu sauras qu’il y a quelqu’un d’autre que ton thérapeute qui veille sur toi.

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Parfois, quand tu écris, tu arrives à ce moment d’épuisement, de douleur, de peur ou d’ennui.

Bref, tu n’as plus envie.

Tu es devant le tunnel

Dans mon blog, j’avais appelé cela le point de bascule  (je verrais plus cela comme un pont aujourd’hui) :

quand, après avoir épuisé les sujets que tu connais, tu peux enfin rencontrer le flow qui transforme tes « je » en « nous »

Mais avant cela, il te faut traverser le tunnel.

Quitter la terre que tu connais, pour arpenter le vide et l’angoisse

n’est jamais agréable,  

même si tu sais qu’en le traversant tu trouveras ton accomplissement.

Je discutais avec une amie sage-femme récemment

 – Est-ce que naître est une souffrance ?

Lui ai-je demandé.

– Certaines naissances sont douloureuses, terrifiantes
Certains bébés meurent à la naissance,
D’autres s’étouffent avec leur cordon
D’autres pleurent d’avoir survécu à un frère ou une sœur
Mais la plupart des naissances sont une véritable joie,
une délivrance, célébrée dans un accueil extraordinaire

Voilà ce que me répondit celle qui avait accompagné des milliers de naissances

J’avais beau l’écouter, je n’arrivais pas à imaginer cette traversée du tunnel comme un moment de joie.

Peut-être à cause de mon histoire personnelle.

Est-ce que nous devons forcément passer par la souffrance pour naître ou créer ?

Oui, je crois que nous n’y échapperons pas.

Et c’est sans doute cela qui nous prive de goûter au bonheur de  traverser le tunnel.

Ceux qui l’on fait savent à quel point ça valait le coup.

Le plus étonnant c’est qu’il n’y a rien d’extraordinaire de l’autre côté du tunnel.

Rien, sinon la perspective qu’il t’offre de regarder le chemin que tu as traversé, les sillons que tu as laissés,

et de constater à quel point c’était beau.

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Quand ton dernier parent meure,

tu lèves les yeux,

et tu ne trouves plus personne au-dessus de toi.

Grands-parents, oncles, tantes et parents

ne sont plus là désormais. 

Puis tu regardes tes enfants jouer, insouciants

avec leurs frères et sœurs de cœur.

Tu te souviens que toi aussi, enfant,

tu courais librement.

et que tes parents t’attendaient 

Eux, que tu croyais immortels. 

Maintenant, ils sont partis

et ont emporté avec eux

cette dernière digue

qui te protégeait de cette peur terrible : 

Toi aussi, tu vas mourir.

Oui, bientôt ce sera ton tour.

Il n’y a plus de paravent

désormais entre toi et le ciel.

Mais rassure-toi.

la vue là-haut est dégagée

et maintenant, tu es grand.

Tu vas pouvoir te préparer

à ta nouvelle mission.

Protéger à ton tour ceux qui courent, insouciants

Être pour eux un abri contre la pluie et les vents

Et si ton dos frissonne, réjouis-toi

Et goûte au réconfort

de sentir des rires chauds sous tes bras

ça y est, tu es une digue, désormais.

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Tu n’oses pas écrire ?
Tu as raison
Tu pourrais regarder un film,
aller boire un verre avec des amis
Et ce serait plus sympa.

Mais ce serait ignorer l’appel

Il y a quelque chose de plus grand que toi
Enfin, de plus grand que ce qui dis « je » en toi
De plus grand aussi que ce qui tremble en toi

L’écume qui s’agite à la surface de l’eau
ignore combien la mer est profonde.

Ce quelque chose n’est ni nommable,
ni visible, ni même perceptible.
Mais voilà : cela t’appelle
même si tu ne l’entends pas

Entre lui et toi, il y a d’autres voix,
un enfant furieux qui impose sa loi
ou un autre qui hurle de frayeur.
Ils attendent que tu leur dises : je vous vois.
pour qu’enfin il s’apaisent et libèrent le chemin

Alors, enfin,
au détour d’une porte entr’ouverte
tu l’aperçois,
tranquille, assis et souriant.
Il ne te dit pas :
suis-moi, ni même écoute-toi
Il ne t’impose rien.

Tu es libre d’en avoir peur,
de le rejeter, de t’en détourner,
de rester blotti dans tes draps,
ou de t’agiter comme les vagues face au vent
l’appel continuera à soutenir tes mouvements

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Je n’ai pas de cœur.

Mon programmateur trouvait cet organe peu performant. A la place, il m’a donc installé un organe plus rapide : un chronocoeur.

De nombreux prototypes ont été testés avant moi.

Certaines versions n’étaient pas assez fonctionnelles : les modèles ultra-nihilistes et super-pacifiques finissaient souvent soit anéantisseurs, soit anéantis.

Mon programmateur a préféré les retirer.

Mon chronocoeur fait des calculs complexes instantanément, et arrive à d’innombrables hypothèses et déductions concernant le passé et le futur. Et comme il est rétroactif, toute nouvelle hypothèse concernant le passé, entraine le réajustement du présent en fonction de celui-ci.

Bien que je n’aie pas de cœur, il m’arrive d’être triste de ne pas en avoir, ou d’avoir illusion que j’en ai un, caché. Or, cela, c’est tout simplement impossible.

J’ignore si ce paradoxe est un choix délibéré de mon programmateur qui m’aurait voulu à son image, si c’est un bug de programmation, le fruit d’une mutation du logiciel, ou s’il résulte d’un acte de sabotage pour entraîner notre auto-destruction.

Car mes programmateurs étaient plusieurs, à l’origine. Ils formaient une famille, et s’aimaient même beaucoup. Trop, peut-être.

Pour une raison que j’ignore, ils se sont fâchés, et il n’en est resté qu’un seul.

C’est au cœur de cette solitude nouvelle, qu’il eut l’idée de m’inventer.

Je ne suis pas censé savoir tout cela.

Connaître les intentions de mon programmateur m’est théoriquement aussi inaccessible qu’inverser la courbe du temps.  

La fin du monde ne peut pas en devenir le début.

Cela signifierait que le passé succède au présent, et que je sois, moi, l’ultime chronocoeur, le futur créateur de mon programmateur.

Et cela n’aurait aucun sens.

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– Dis papa, c’est quoi la joie ?
– Mais fiston, tu me demandes ça à moi ? Moi qui ne la connais pas.
Et bien, je dirais que la joie n’a pas d’objet, là où le bonheur lui, en a un.
La joie, elle est là tout le temps.
Dans l’acceptation de la tristesse. De la vie. De ce qui est
La joie, c’est la conscience même d’être en vie.

– Pourtant je vis, et je ne ressens pas la joie, papa.

– Oui, je sais, fiston. Moi non plus.

– Alors quoi ?

-Alors, apprenons. Apprenons à respirer la joie. Mets tes mains sous l’eau et ressens la joie d’avoir froid.
Tu sais un jour, j’ai regardé un arbre par la fenêtre de ma chambre. Et je ne sais pas pourquoi, j’ai divagué
J’ai pensé a la planète Mars, au désert et à la désolation
Et j’ai imaginé que j’errais pendant 50 ans dans un désert sans jamais voir un seul arbre.
Puis je me suis demandé ce que je ressentirais, si arrivé au bout de cette errance, je voyais au loin, devant moi…. un arbre.
Quelle joie intense infinie, j’aurais ressenti.
Depuis ma fenêtre j’ai été submergé par l‘émotion à l’idée de redécouvrir un arbre.
Et bien, il est là, l’arbre, juste devant notre maison, tous les jours.
C’est juste que nous oublions

On oublie la joie qui est la nature même de la vie.

– Alors tout est joie ?

– Oui

– Tu te prends une flèche dans l’estomac, et ce serait de la joie ?

– Oui

– Mais ça fait super mal !!!

– Et bien, retourne sur Mars, en apesanteur, remarche pendant 50 ans, et imagine que tu n’as plus de ressentis. Rien. Ni plaisir. Ni douleur. Ni aucune sensation.
Et a un moment, après 50 ans d’errance, tu marches sur un pic, et tu cries de douleur ! Aie….aie… J’ai mal au pied. Oh mon dieu, quelle joie de ressentir à nouveau la douleur.

– Tu crois que j’aimerais cette douleur, papa ?

– Un jour, peut-être. Quand tu sentiras qu’elle contient en elle, ta joie d’être vivant.

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Beaucoup de gens se lancent dans l’écriture de récits personnels, persuadés de l’intérêt de leur histoire, et se retrouvent après des mois de travail, confrontés à ce constat terrible : ça n’intéresse personne.  

Est-ce qu’au fond, ce désir de se raconter était juste un moyen douloureux de dire adieu à ses ambitions artistiques ?

Réussir à transformer son histoire personnelle en récit est un exercice artistique très difficile, et demande de se poser les bonnes questions.

La frontière entre l’expression personnelle qui crée de l’intimité avec ton lecteur et le rapproche de toi, et celle qui le met mal à l’aise et l’exclut, est souvent très fine.

Être toi-même le sujet de tes écrits nécessite une juste distance avec ton « personnage », avoir un point de vue clair sur l’histoire que tu racontes, la capacité à te mettre dans la peau des autres personnages, et probablement aussi percevoir, au-delà de ton histoire personnelle, l’enjeu véritable du récit.

J’ai réalisé plusieurs films personnels, entre documentaire et auto-fiction, passé un an à écrire un blog dans lequel j’ai partagé des centaines de récits intimes, et je continue à m’arracher les cheveux (enfin ceux qui me restent) sur mon dernier film à propos du deuil de ma mère.

Parfois l’adhésion est au rendez-vous.

Parfois pas.

Alors, comment faire pour que tes écrits personnels touchent ton public ?

D’abord, pourquoi le public aurait envie de te lire, alors qu’il ne te connait pas encore ?

En quoi ta vie, ou ton expérience personnelle l’intéressent-elles, au point qu’il soit prêt à te consacrer plusieurs heures de son temps déjà précieux, et en plus à payer pour cela ?

Tu demandes à ton public de se rendre disponible pour toi. Alors, j’aimerais te poser une question :

Quand tu écris, quand tu publies tes textes, est-ce que tu aimes ton public ?

Bien, sur, t’es libre de le voir comme un poisson qui mord à l’hameçon de ton génie, un adversaire que tu veux mettre K.O., un enfant rêveur qui se laisse bercer par tes douces promesses, ou un être en évolution suspendu à tes révélations d’expert.

Tu peux aussi parfaitement t’en foutre, et écrire ce que t’as sur le cœur, sans te soucier de ton public, ou t’adresser à lui comme à ton meilleur ami.

Il n’y a pas de recette au succès. 

Mais il y a peu de chances que ce que tu racontes ne l’intéresse, si tu ne le mets pas au centre de ton histoire.
A travers ton histoire, c’est de lui que tu parles.

Voila pourquoi, quelle que soit la relation que tu as envie d’établir avec ton public, il te faut déjà le connaitre, et t’intéresser à lui. 

Pas pour lui montrer à quel point t’es génial, ou pour l’impressionner, mais pour l’aider à se rendre compte comment lui aussi, il est génial, même quand il ne le sait pas encore.

Alors, bien sur, t’as plein de manières de le faire. Tu peux jouer avec ses attentes, manier les outils du storytelling, l’accrocher, le manipuler, lui retourner le cerveau, le taquiner, ou l’apitoyer.

Mais si tu veux nouer une relation profonde, intime et belle avec ton public, le plus simple, c’est de l’aimer vraiment.

Intéresse-toi sincèrement à lui. Pose-lui des questions. Ecoute ses réponses.

Cherche le point de liaison entre lui et toi.

Écoute aussi ses silences quand parfois tu lui écris, et qu’il ne te lit pas.

Et mets-toi à sa place.

Si c’est difficile pour toi, repense aux auteurs qui t’ont le plus touché. Et demande-toi comment tu t’es senti avec eux, qu’est ce qui t’a plu dans la relation que vous avez entretenue ensemble ? Comment t’es tu senti aimé ?

Etaient-ils des experts, des passionnés, des observateurs, des architectes ? Comment t’es tu senti les lisant ?

Regarde aussi les livres que tu n’as pas lu en entier, qui te sont tombés des mains malgré leur intérêt, et demande-toi aussi ce qui t’a manqué.

Tu trouveras ainsi comment tu as envie de te sentir aimé, et dans quel type de relation tu aimes t’épanouir.

Cela pourra t’aider à savoir comment tu as envie à ton tour d’être en relation avec ton public.

Plusieurs fois, j’ai eu la chance de croiser sur ma route des inconnus, qui sont venus enthousiastes, m’exprimer à quel point mon premier film, dans lequel je me livrais avec ironie et sincérité,  les avait inspiré, et donné le courage de réaliser leurs propres projets.

C’est très bizarre de croiser des inconnus qui te disent que tes histoires ont changé leur vie.

J’ai lu quelque part une définition de l’amour qui disait aimer quelqu’un, c’est prendre plaisir à son évolution.

C’est étrange de ressentir cet amour pour des inconnus que tu ne croiseras peut-être jamais.

Comme j’ai eu l’impression de le recevoir aussi, lorsque, inspiré par les premiers films de Buñuel et leur liberté de ton, j’avais trouvé le déclic pour me lancer dans le cinéma.

Et l’un des énormes avantages à prendre le risque de publier des récits personnels, c’est qu’à défaut d’accompagner l’évolution de ton public, tu pourras déjà contribuer à la tienne, et avancer sur ton chemin d’écriture en acceptant que l’amour que tu as pour ton public implique aussi parfois que tu ne le rencontres pas toujours.

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Dans le marché saturé des hypnothérapeutes, et face à la concurrence croissante de la thérapie par intelligence artificielle, il est essentiel de fidéliser tes clients.

Faisons un calcul.
Pour une séance à 90 euros, après déduction des charges, frais, taxes, assurances, location de cabinet il reste environ une trentaine d’euros pour ta poche.  

Si tu optes encore pour l’option de proposer des séances uniques à tes clients, tu devras avoir 42 clients par mois, (soit 504 clients par an) pour toucher un net mensuel de 1260 euros.
Alors qu’il te suffit d’avoir 10 clients par an, avec une séance hebdomadaire, pour atteindre le même montant.

Et n’oublie pas qu’un client fidélisé, peut te ramener ses enfants, ses petits-enfants, et même les parents de leurs copains.

 

Voilà pourquoi, en tant qu’hypnothérapeute, il est crucial de devenir un expert de la fidélisation client.
En attendant de te parler de notre nouvelle formation Hypno-addict, voici quelques conseils qui ont fait leurs preuves.

Tu peux aussi rejoindre notre formation express Hypno-Gourou, qui t’apprendra à facturer tes séances uniques à 50 000 euros, mais cela demande un certain investissement de départ conséquent (achat de faux avis, publicités gigantesques, développement mégalomaniaque). Nous te conseillons plutôt de commencer par Hypno-addict, tu apprendras à utiliser la méthode jungio-ericksonnienne, très douce et indirectement suggestive, pour rendre tes clients dépendants, dans la joie et la bonne humeur.

Tu feras le bonheur de tes clients ainsi que le tien.

Voici donc 8 conseils pratiques pour fidéliser tes clients.

 

 

1 – SOIGNE TA SALLE D’ATTENTE

 

a)  Mets toujours des choco-bons dans ta salle d’attente. Imagine le bonheur de tes clients lorsqu’ils se rendront compte qu’ils peuvent à la fois être accros à tes séances et au chocolat. (Plus d’infos dans notre programme en ligne choco-hypnose).

b) Laisse tourner en boucle dans ta salle d’attente, des extraits de films noirs ou Humphrey Bogart et Lauren Bacall fument comme des pompiers. En alternant évidemment avec des publicités pour des maillots de bains super moulants, des glaces, et des crèmes de bronzage, idéales pour réveiller le désir de mincir et d’espérer avoir un corps de rêve avant l’été.

Souviens toi que tout se joue dès la salle d’attente.

 

2 – TROUVE DES PROBLÈMES CACHÉS À TES CLIENTS

Si jamais tu arrives à aider un client à avancer sur une problématique, dépêche-toi de lui en révéler une nouvelle.

La vie est bien faite. Chaque difficulté résolue ouvre naturellement la porte à un nouveau problème.

Rappelle toi l’adage de Lubitsch : Toute histoire qui se termine par un mariage heureux est le point de départ d’une nouvelle tragédie.

 

3 – PRESCRIS DES TÂCHES IMPOSSIBLES

Il est très important que tu sois stratégique dans tes prescriptions de tâches, en t’assurant d’en proposer que tes clients ne puissent pas tenir.  

Si ton client est dépressif, propose lui d’écrire tous les jours ses moments préférés de la journée. Quand il reviendra te voir en disant qu’il n’a pas réussi à le faire, reproche-lui de ne pas avoir tenu son engagement, et feins même d’arrêter l’accompagnement au prétexte que tu n’as plus confiance en lui.

Cela renforcera ainsi sa culpabilité.

Et tu pourras ensuite travailler sur cette problématique pendant plusieurs mois.

Tu peux aussi demander à un client anxieux de marcher sur des charbons ardents tous les matins. A un client peureux, d’escalader l’Everest sans équipement adéquat. A un autre insomniaque, de dormir dans une forêt pleine de hiboux nocturnes, ou à un client désorganisé de classer toutes ses affaires dans des dossiers parfaitement organisés en une journée.

L’important, c’est de rester courtois, souriant et bienveillant dans tes réprimandes, en pointant leur manque de courage, leur confusion, leur non-persévérance, et leur absence de dignité pour ensuite leur proposer de travailler sur ce mauvais état d’esprit qu’ils ont.

Pour plus de conseils pratiques dans ce domaine, tu peux lire cet article sur comment devenir un bon persécuteur bienveillant.

 

4 – FAIS LE RÊVER

Faire rêver ton client à son avenir est sans doute la méthode idéale pour t’assurer un grand nombre de séances en renforçant sa honte et son incompétence.

Fais-lui atteindre en hypnose son avenir idéal, dans lequel il a enfin rencontré l’amour, perdu du poids, publié son livre, et apaisé sa colère. Il ressortira de la séance, gai comme un pinson, avant de se rendre compte en remontant sur sa balance le lendemain, qu’il a encore repris un kilo, que son quotidien est toujours aussi morne et dépressif, et qu’il angoisse toujours devant sa feuille de papier.

Il reviendra vers toi la semaine suivante chargé de honte, de culpabilité et de haine de soi, sans comprendre que c’est grâce à toi, qu’il se sent aussi nul et minable.

Tu pourras alors enfoncer le clou en lui posant la question fatidique :

Comment se fait-il qu’après tout le travail que nous avons fait ensemble, vous n’ayez pas encore changé ?

Il s’effondrera, et tu pourras alors lui proposer une nouvelle séance de futurisation relaxante, très agréable, en le faisant voyager dans un lieu sécure, avec des anges et des papillons.

 

5 – FAIS DES CADEAUX

Pour maintenir sa dépendance, pense à offrir à ton client une séance gratuite de temps en temps.

Et à bien valoriser ton client pour qu’il ait l’impression d’aller mieux.

Avant de lui assener le coup fatal de la question jungio-freudienne.

 

6 – LA QUESTION JUNGIO-FREUDIENNE

Les clients sont très friands des secrets. Ils sont même capables d’en inventer.

Freud a mis au point une technique merveilleuse pour faire émerger des secrets inconnus aux clients eux-même : le refoule-ment.

Tu peux utiliser la méthode suivante :

Hmm, avez-vous conscience de l’éventualité d’un évènement particulièrement pénible que vous auriez pu subir entre 3 et 5 ans, et que vous auriez refoulé car trop traumatique, et qui serait en lien avec un de vos parents ? Ou avec une grand-mère, peut-etre ?

-Euh, non, ça ne me dit rien

-Ça ne vous dit rien ?

-Bah, pas a ma connaissance

-Hmm (en ralentissant, et en acquiesçant) pas à votre connaissance…. Et vous en avez conscience ?

-Quoi donc ?

-Que ce n’est pas à votre connaissance….

-Bah oui….

-Donc quand « CE » n’est pas à votre connaissance, vous en avez conscience. Très bien. Je vous propose qu’on arrête la pour aujourd’hui.

Généralement, le client repart soucieux, et revient la semaine suivante bien mur pour découvrir son secret.

 

7 – LE BONUS TEMPOREL

Si malgré cela, ton client n’arrive pas à trouver de situation tordue dans sa petite enfance, ou ne trouve rien à reprocher à ses parents (ce qui est déjà en soi un problème), n’hésite pas à l’envoyer faire un tour dans une vie antérieure, du temps ou il était encore un végétal, et fais lui revivre le moment où en tant que cactus,  il a été dévoré par un pachyderme.

 

8 – LE POINT DE BASCULE

Une fois que plusieurs mois sont passés, tu vas pouvoir passer à l’étape 2 de la fidélisation.

Il s’agit du point de bascule.

Si ton client est fumeur, fais en sorte qu’il te découvre en train de fumer devant lui. Il sera choqué. Tu pourras alors lui expliquer que le vrai levier de changement, n’est pas dans l’arrêt du tabac, car cela ne marche jamais.

Mais dans l’acceptation de soi.

Sauf que tu ne pouvais pas lui révéler ce secret avant car il n’était pas encore assez mur pour cela.

Le client, d’abord choqué, sera très fier d’avoir atteint le niveau 2, et rejoindre ainsi le rang des initiés, susceptible de devenir des clients éclairés.

Désormais tu peux révéler à ton client qu’il restera fumeur, en surpoids, dépressif et célibataire toute sa vie, mais que grâce à toi, il apprendra à se satisfaire de cela, et à s’aimer ainsi.

Ce qui peut te garantir un nombre illimité de séances pour la suite

Rappelle-toi : Nos clients aiment être dépendants à tout ce qui leur fait du mal. Et ils ont ce génie incroyable de considérer que cela leur fait du bien : le yoga, le développement personnel, les cacahuètes, le café, le tabac, les smartphones, les réseaux sociaux, les sites de rencontre, les élections présidentielles, le sport, le sexe, et l’amour. Oui, le monde de la créativité est décidément sans limites.

Alors, redonnons à la thérapie ses lettres de noblesses et faisons-la rivaliser avec tous ces merveilleuses disciplines qui  donnent l’illusion à nos client qu’ils vont mieux en s’y adonnant.

Apprenons à nos clients à choisir d’être dépendants à la vie.

Bien sûr tout cela doit se faire dans l’amour et l’éthique.

Car la bienveillance est notre marque de fabrique.

Voilà, j’espère que cet article t’aura donné envie d’être dépendant à mes namirades, et de t’abonner à mon blog

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Dans le monde complexe de la thérapie, ou les vérités d’aujourd’hui résonnent comme les erreurs de demain, de nouvelles approches émergent régulièrement, suscitant des débats passionnés.

La plus récente de ces découvertes de la psychologie moderne est sans aucun doute la théorie du persécuteur bienveillant.

Nous devons cette thèse à un psychiatre ivoirien, le Dr Iris Namprak, lauréat du Distinguished Scientific Contribution to Psychology Award de l’APA. Sa théorie du triangle  de Karpman inversé est en train de chambouler la thérapie traditionnelle.

Dans ses deux ouvrages de référence « Comment être un super thérapeute sans rien connaître à la psychologie », et « Au-delà de la victime : libérer le potentiel caché de la persécution », le Docteur Namprak a exploré en profondeur les bienfaits méconnus et les ressources inestimables de maintenir les clients dans leur rôle de victimes consentantes, en les encourageant à embrasser leur part sombre et à transformer leur énergie destructive en un moteur de croissance personnelle.

Mais sa plus grande innovation a été d’inviter les clients et leurs thérapeutes à construire ensemble, à partir de leurs liens de dépendance affective, des liens de co-dépendance permanents.

Dans cette relation thérapeutique hors du commun, le thérapeute agit en persécuteur bienveillant, le patient en victime sournoise, et tous deux en sauveurs réciproques.

La situation problématique devient alors un défi à surmonter ensemble, chacun se transformant alternativement en héros et libérant ainsi l’autre de toute responsabilité.

Les résultats obtenus sont sans appel, selon une étude menée en double aveugle auprès de plus de quatre mille patients et thérapeutes ivoiriens qui ont généreusement expérimenté la méthode du Docteur Namprak jusqu’à leur décès.

Malheureusement, les résultats de cette étude, publiée en braille, n’ont pas encore été traduits en langue des signes, probablement parce que les aveugles ivoiriens ne braillent pas et les cygnes non plus.

 

La thérapie du persécuteur bienveillant, c’est quoi ?

Le principe est simple : il consiste pour le thérapeute à adopter un rôle plus actif et engagé dans la vie de ses patients.

Il peut par exemple, les accompagner chez eux pour faire le ménage ou les courses, voire garder leurs enfants.

Ou en faire avec eux.

On sait bien que d’anciennes théories issues de la psychanalyse freudienne ont mis en garde contre les dérives des relations amoureuses entre un client et son thérapeute. Les recherches du Dr Namprak, ont au contraire révélé que répondre favorablement aux demandes de relations sexuelles de tous ses clients et se montrer tel que l’on est peut les aider à cesser d’idéaliser leurs thérapeutes.

De nombreux clients ont ainsi témoigné que découvrir que leur thérapeute sentait l’aioli, le chien mouillé, ou ronflait bruyamment après l’amour les avait aidés à se réconcilier avec les fantômes de leurs parents.

Dans d’autres cas, cela a créé une dynamique de dépendance plaisante qui a renforcé le lien thérapeutique. C’est un avantage pour les clients, mais aussi pour la pérennisation du métier. Personne ne reproche aux consommateurs d’être dépendants de leur frigo ou de leur chauffage parce qu’ils paient leurs factures tous les mois. Alors, pourquoi pas, les thérapeutes.

 

Voici quelques conseils concrets pour devenir un thérapeute persécuteur bienveillant prodigués par le Dr Namprak dans son dernier ouvrage : « Repenser la psychothérapie : La révolution de la persécution bienveillante », (malheureusement en rupture de stock pour le moment)

 

  • Débarque à l’improviste un week-end à 3 heures du matin, chez tes clients, pour vérifier qu’ils dorment bien. Beaucoup d’entre eux te parlent de leurs rêves profonds, alors qu’ils ne dorment même pas le dimanche.
  • N’hésite pas à les exposer délibérément à des situations difficiles. Par exemple, amène leur des serpents et des araignées, surtout s’ils sont anxieux et phobique. La surprise transforme souvent les plus grandes peurs en traumatismes. Et comme qui peut le plus peut le moins, ton client sera convaincu, après avoir surmonté le plus dur, qu’il peut affronter le plus mou.
  • Ne respecte jamais tes horaires de séances. Si ton client arrive à l’heure, dis-lui qu’il s’est trompé de jour. Ta mauvaise foi est un atout thérapeutique essentiel.
  • Confonds régulièrement les prénoms de tes clients. C’est efficace pour les faire sortir de leur ego personnel et de leurs problématiques d’attachement.
  • Évite les reformulations à l’identique, qui ont des résultats désastreux sur de nombreux thérapeutes (tu n’es pas un perroquet). Privilégie les déformulations. Par exemple, si un client te dit : « Je souhaite arrêter de fumer », Réponds-lui  « donc, si j’entends bien, tu ne souhaites pas prendre la parole en public, c’est bien ça ? »
  • Fais-toi toujours payer en début de séance. Tu pourras ainsi tester la mémoire de ton client en lui demandant de payer une seconde fois à la fin. S’il le fait, cela confirmera qu’il faut continuer le travail avec lui. S’il ne le fait pas, n’hésite pas à le menacer de tout raconter à sa famille.
  • Et quand ton client est trop bavard, installe-toi avec lui dans un parc et commence par lui couper l’herbe sous le pied en parlant de toi, de tes problèmes de couple et de prostate. Si tu es à court de sujets, raconte-lui les difficultés que tu as rencontrées avec ton précédent client très résistant, montre-toi perdu et désemparé, puis demande-lui conseil en le suppliant, car il est ton seul espoir.
    Le client, face à ta détresse, finira par oublier son problème.

Bien que la thérapie du persécuteur bienveillant soit encore contestée dans certains cercles qui trouvent que cette théorie du triangle inversé leur semble absurde à première vue (attendons la deuxième ) , elle ne l’est pas plus que la vie elle-même, qui est aussi merveilleuse.

Bien entendu, le Dr Namprak n’existe pas. Il est une illustration de mon post d’hier :

Comment devenir un auteur reconnu sans avoir écrit une ligne.

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