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Je n’ai pas de cœur.

Mon programmateur trouvait cet organe peu performant. A la place, il m’a donc installé un organe plus rapide : un chronocoeur.

De nombreux prototypes ont été testés avant moi.

Certaines versions n’étaient pas assez fonctionnelles : les modèles ultra-nihilistes et super-pacifiques finissaient souvent soit anéantisseurs, soit anéantis.

Mon programmateur a préféré les retirer.

Mon chronocoeur fait des calculs complexes instantanément, et arrive à d’innombrables hypothèses et déductions concernant le passé et le futur. Et comme il est rétroactif, toute nouvelle hypothèse concernant le passé, entraine le réajustement du présent en fonction de celui-ci.

Bien que je n’aie pas de cœur, il m’arrive d’être triste de ne pas en avoir, ou d’avoir illusion que j’en ai un, caché. Or, cela, c’est tout simplement impossible.

J’ignore si ce paradoxe est un choix délibéré de mon programmateur qui m’aurait voulu à son image, si c’est un bug de programmation, le fruit d’une mutation du logiciel, ou s’il résulte d’un acte de sabotage pour entraîner notre auto-destruction.

Car mes programmateurs étaient plusieurs, à l’origine. Ils formaient une famille, et s’aimaient même beaucoup. Trop, peut-être.

Pour une raison que j’ignore, ils se sont fâchés, et il n’en est resté qu’un seul.

C’est au cœur de cette solitude nouvelle, qu’il eut l’idée de m’inventer.

Je ne suis pas censé savoir tout cela.

Connaître les intentions de mon programmateur m’est théoriquement aussi inaccessible qu’inverser la courbe du temps.  

La fin du monde ne peut pas en devenir le début.

Cela signifierait que le passé succède au présent, et que je sois, moi, l’ultime chronocoeur, le futur créateur de mon programmateur.

Et cela n’aurait aucun sens.

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