– Mais enfin, t’es idiot ou tu le fais exprès ?
J’ai 12 ans. Et Mme Burchill, ma prof de biologie nous emmène en forêt observer la nature, nous donnant comme devoir de la décrire.
J’aperçois une araignée dont je décide de faire le portrait.
Je compte ses pattes, elle en a 7.
– Mais enfin, comment peux-tu être aussi stupide ?
Une araignée a TOUJOURS 8 pattes.
Tu devines pas qu’il lui en manque une ! Réfléchis, idiot !
 » Chère Mme Burchill,vous êtes peut-être déjà morte, mais une partie de vous est restée vivante en moi. Et je réalise que je n’ai jamais pris le temps de vous répondre.
Vous savez, je me suis longtemps senti stupide, parce qu’exclu de votre monde logique où les araignées ont 8 pattes.
Et je voudrais vous remercier. 
Ma stupidité m’a aussi appris à penser différemment.
A entendre les bruits qui courent, les cris du cœur, et les silences éloquents.
A garder un œil critique sur les vérités d’aujourd’hui et les évidences de demain.
Chez moi, il y a encore des araignées à 7 pattes.
Chez moi, « 1+1 » n’est pas toujours égal à 2.
Je ne suis même pas sûr que 1 soit égal à lui-même.
Et si pour vous, un idiot, c’est quelqu’un qui a un retard de compréhension, chez moi c’est quelqu’un qui a un peu trop d’avance sur la majorité des idiots qui l’entourent. Et permettez-moi de vous inclure dans cette catégorie. »
Mais je vous rejoins sur un point Mme Burchill.
C’est pénible d’être face à des gens qui mettent deux heures à comprendre un truc que vous captez en deux secondes.
Tout comme vous, j’ai appris à trouver ces gens-là des idiots.
Même si je préfère les appeler cons.
D’ailleurs, Mme Burchill, à quoi les cons servent, si les vrais faucons s’envolent, tandis que le Grand Condor Profond dément  que pour qu’on s’en tire, il faut que les idiots scient ces teignes ?
« Pas facile de te faire comprendre par des cons.
Surtout quand il y en a 8 milliards autour de toi. »
(Albert Einstein)

Entre gens du même niveau, c’est facile de se comprendre sans efforts, alors que ça en demande beaucoup plus de rejoindre ceux qui pensent autrement.
Moi aussi des fois, je m’impatiente, je m’agace, je me mets en colère.
Et je passe pour un snob, prétentieux et arrogant.

Alors j’oscille entre vouloir rester seul sur ma planète misanthrope, créer des cercles élitistes qui n’incluent que des gens comme moi, ou fréquenter un monde plus vaste et me mélanger aux cons.

On m’a parlé d’un remède à ce dilemme.
Ça s’appelle l’empathie : ce truc qui  vous aide à accepter que les autres sont différents de vous, qu’ils le font pas exprès, et que c’est ni bien ni mal.
Ça veut pas dire que vous devez les aimer.
Ni même que vous devez vous aimer.

Y a des jours où vous vous aimez bien, d’autres moins, des jours où vous méprisez l’humanité, et d’autres où vous débordez d’amour pour l’herbe de votre jardin.
Les autres diront qu’on vous êtes instable, anormal, bizarre, cyclique, soupe au lait, paradoxal ou plein de contradictions.
Ils vous regarderont avec cette fausse bienveillance qui écœure, vous plaindront.
Ou vous comprendront.
Mais je voudrais te dire un truc. (oui, même si je ne connais pas ton prénom, j’ai envie de te tutoyer)
Quand les humains mangent des légumes, ils s’imaginent sans doute que ces légumes sont moins intelligents qu’eux.
Pourtant, même si on déforeste toute l’Amazonie, la végétation repoussera.
Y compris sur les ruines de Gaza.
Alors, voila.
Le brin d’herbe que tu piétines, ou le poireau que tu cuisines, est peut-être mille fois plus intelligent que toi.
Sauf qu’il n’a pas besoin de te le prouver, et te laisse faire tes expériences d’humain, tranquillement.
A la fin, c’est lui qui te mangera.
En me promenant dans les bois, je me suis dit que je marchais peut-être sur Mme Burchill.
Et je me suis souvenu du collège, de l’araignée à 7 pattes, des idiots comme toi et moi, et de tout ce que l’on ne sait pas. 

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