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Faut pas vous fier aux apparences, je ne suis pas que le type sérieux que vous lisez.

J’adore faire des blagues très puériles aussi.

J’en ai même tellement fait dans ma vie, que mes copains ont inventé un mot pour désigner ces blagues :

Les namirades.

Ça a toujours été plus fort que moi. Dans une autre vie, j’ai dû être une caméra cachée. Le neveu de Jean-Yves Lafesse et de Marcel Beliveaux.

Quand des amis étaient invités chez mes parents pour prendre le thé, je pouvais pas m’empêcher de remplacer le pot de sucre, par du sel.

J’avais beau savoir que j’en payerai le prix, impossible de résister à l’excitation de voir l’avocat de la famille, dans son costume cravate, approcher le verre de thé de ses lèvres, aspirer la première gorgée, et tout recracher en grimaçant sur les documents familiaux, tandis que je m’enfuyais en éclatant de rire, espérant esquiver les insultes de ma mère.

Puis le sel dans le thé, a laissé place au piment dans les desserts. Avec des conséquences parfois risquées.

Plus tard , ça a été l’époque des coussins péteurs et des boules puantes. Avant que je découvre les joies de la falsification, et de l’usurpation. Comme ces lettres d’amour anonymes, adressées à Sandrine, Vanessa, et Alexandra, où j’imitai soigneusement l’écriture en patte de mouches de Julien Bobonne, créant ainsi des quiproquos à répétitions.

Pendant que mes amis collégiens découvraient les émois des premiers roulages de pelles, moi, comme effrayé par ce nouveau monde de désirs partagés, j’ai continué à me réfugier  dans l’univers impertinent et régressif des bêtises.

Une fois, dans un dortoir, j’avais fait des lits en portefeuille à toute les gars du dortoir,  y compris à moi-même, en n’épargnant qu’un seule personne : Mehdi,  qui fanfaronnait un peu trop à mon goût, à propos de ses conquêtes amoureuses. Ce jour-là, Mehdi a eu beau se mettre en colère, et hurler qu’il était innocent, il a perdu toute notoriété auprès des garçons du dortoir, qui ont su lui tailler un bon costume de circonstances.

Je me suis fait prendre en flagrant délit à plusieurs reprises, et j’avoue : j’ai passé quelques sales quart d’heures de honte et d’humiliation.  Pas à cause de mes conneries. Mais à cause du fait de m’être fait griller, et rabaisser devant les autres.

Ça m’a pas empêché de  continuer à faire mes namirades. Raconter des mensonges qui sonnaient comme des vérités, et des vérités qui ressemblaient à des mensonges.

Au bout d’un moment, elles ne faisaient plus rire que moi, mes namirades.

Buddy, mon frère de déconnade, avec qui je formais un sacré duo, avait trouvé une meuf.
Mais je ne réalisai pas à quel point mes actions m’isolaient des autres. C’était plus facile pour moi de m’exclure d’un groupe, que de prendre le risque d’en être rejeté.

Et puis mes namirades présentaient aussi un avantage inattendu : honorer une croyance transmise par mes parents.

« Dans la vie, Namir, tu ne pourras compter que sur toi.
Ne fais confiance à personne »

J’avais réussi à faire en sorte que les autres n’aient pas confiance en moi.

Une bonne façon de me prouver que je ne pouvais faire confiance à personne.

J’ai découvert plus tard qu’il existait un truc encore plus chouette que de rire des autres :  rire avec les autres.

Dans le partage et la complicité. Et je crois que c’est ce que j’essaye de faire en ce moment.

Bon, faut pas non plus vous fier aux apparences. C’est pas parce que je vous écris ça ici, que c’est forcément vrai.

Et merde, je recommence…

 



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9 réponses
  1. François
    François dit :

    Merci Namir, ça fait 3-4 jours que j’ai découvert tes récits et pensées. Ça fait vraiment écho à plein de choses en moi. C’est très personnel, enfantin, tendre, sincère, moins acerbe, copte et thérapeutique je trouve.
    C’est génial d’avoir ajouté la version audio. Tu parles et écris tres bien. Et en relisant, je découvre d’autres choses et ça provoque d’autres échos. Ça me donne envie même si je me sens pas prêt. Amitié

    Répondre
  2. Virginia love
    Virginia love dit :

    Cc Namir,ça fait 12 j que te lis avec curiosité chaque matin devant mon café » bazooka »embrumée par la vapeur caramel de ma cigarette électronique .
    Jusqu’à maintenant pas de commentaires, pourtant beaucoup de pensées, réflexion intérieure, émotions…
    Aujourd’hui je viens d avoir une idée qui traverse lissé d une émotion qui me file les larmes aux yeux.
    Un truc qui prend la voix de ma mère
    Chut! Ne dis rien!laisse tomber!te fais pas remarqué !fais pas d histoire,contente toi de ce que tu as c est déjà bien.
    Progressivement,au fil de mon écriture je réalisé que si j ai pas écrit c est pour ça.
    Peur de dire des trucs pas bien ,peur de provoquer un conflit,peur de faire mal.
    Pourtant de te dire que te lire est plaisant,
    Que j ai eu des émotions,que cela me parle ,que j adore ton style sincèrement,ça peut être ok ,N est ce pas ?
    Alors pourquoi je le fais pas?qu est ce qui m en empêche ?
    Aussi loin que remonte ma mémoire,J ai Jamais fait de blagues ,trop peur de la punition,du regard des autres ,d être rejeter,de mourir en faite.
    Mais maintenant j ai plus peur,(petit clin d oeil cf le film dune)
    Aujourd’hui j affronte ma peur de laisser un commentaire,je la laisse me traverser,il ne reste que moi .
    Belle journée

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    • Namir
      Namir dit :

      Merci Virginie. C’est pas rien de laisser un commentaire. Je ne sais pas encore de quoi parle ce blog, et je verrai avec le temps. Mais mes parents y sont très présents, sous leurs formes réelles, ou fantomatiques.
      Et quand j’ecris dans mon premier texte que l’ecriture est un dialogue, je suis convaincu que ce sont vos commentaires qui eclairent mes textes, leurs donnent du sens, et parfois meme, initient l’ecriture d’autres textes.

      Répondre
  3. Emmanuel
    Emmanuel dit :

    On ne peut compter sur personne.
    On ne peut même pas faire confiance aux gens pour nous trahir ou nous rejetter systématiquement ! 😀
    On ne peut même pas compter sur soi même, ou alors pas tout le temps.
    Enfin, je te dis ça mais faut pas me croire 😉

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